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AMOUR DE LA PROVENCE, AMOUR DU MONDE |
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La brume s'élève du fond de la lagune.
Fantômes enjambant les limites du champ,
Je les vois m'investir, ramper vers la maison,
En poussant devant eux la blanche solitude.
Désormais, ce n'est plus lui qui part vers des horizons clairs, c'est un monde fantomatique qui vient vers lui et l'encercle de solitude. Bientôt, la statue de Pomone elle-même sera détruite par une nature hostile :
Je sais ce que le temps hélas va faire d'elle :
Les tristes pluies glacées, le vent brutal du Rhône,
La neige, le soleil, la tendresse perdue,
Les hommes, viendront la mutiler, anonymes.
Si aimée qu'elle soit, la Provence de Louis Brauquier, alors qu'approche la mort, (" Bientôt, je ne serai plus là pour sauver son âme "), reste celle de la pluie triste et du vent brutal. On ne peut compter sur elle pour durer.
Grâce à la poésie, qui donne la durée
Tout au contraire, c'est elle qui durera grâce au poète. " Sois tranquille, Gaby, écrivait-il dès le 17 mai 1931, dans cent ans ou peut-être même cinquante, trois jeunes gens sur le port de Marseille réciteront et confondront les vers de nos poèmes, et ne sauront pas nos noms, mais se souviendront d'une parfaite, humaine et poétique amitié qui, de ce port, aura fleuri à l'autre bout de la terre et sur toutes les mers. " Grâce à la poésie qui donne la durée, Marseille demeure le point de départ d'un élan vers la conquête du monde. Depuis son port d'attache, l'espace appartient au poète. " Je te vois dans Marseille, écrit-il à Audisio le 3 janvier 1931, sur cet espace mille et une fois humainement sacré qui va de l'ancien canal aux quais et plus particulièrement jusqu'à la naissance de la rue de la République, sur cet espace diffus où l'air qu'on respire, le pavé qu'on foule sont saturés d'amour, d'amitié, de poésie, d'aventures, de départs, de retours et de correspondances lointaines. "
Ainsi, pour Louis Brauquier, ce n'est pas la nature ni le paysage provençal qui fondent la durée, mais un site urbain, un coin du port de Marseille imprégné d'histoire et peuplé d'aventures humaines. Son amour des lieux a besoin de la double médiation de la culture et de l'amitié. Son amour de la Provence se nourrit d'un amour de Marseille qui rayonne à travers le monde.
1980 |
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