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AMOUR DE LA PROVENCE, AMOUR DU MONDE






    Premiers poèmes en Provençal
   
    Rien d'étonnant dès lors si ses premiers poèmes ont été écrits en provençal. En février 1918, avec Jean-Rémy Palanque, Pierre Rouquette, Romain Chabaud et quelques autres, il signe le manifeste qui présente aux lecteurs la Coupo, revue mensuelle rédigée en provençal et en français, comme un " organe de diffusion de l'idée provençale et régionaliste ". Les numéros suivants contiennent plusieurs textes de lui en provençal. L'un d'eux, paru en mai 1918, s'intitule " Vespre ou viei port " et finit en évoquant la " grando umbro de Pythéas ". L'oeuvre future est là, prête à emprunter ce que le poète appellera bientôt " la belle langue de [ses] ancêtres ". À vingt ans, cependant, il choisit le français, définitivement.
   
   
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    Il l'a fait, semble-t-il, à contrecoeur et sous l'influence des préjugés de son entourage. Le 12 janvier 1936, d'Alexandrie, à Audisio qui lui a parlé " de la mystique terrienne et provençale et du retour à Mistral ", il répond : " M'as-tu assez regardé de haut, pitchounet, " dans les rues de Marseille avant d'avoir vingt ans ", à cause de lui ? " Vingt-trois ans plus tard, le 9 août 1959, il commente ironiquement la nouvelle vogue des poètes provençaux : " Que d'Aubarède prononce un discours sur Mistral me fait doucement rêver. Il y a trente ans, d'Aubarède [...] et toute la bande considéraient les poètes provençaux comme de tristes sous-produits. Aujourd'hui, les Cahiers publient du Marc-Philippe Delavouët dans le texte ; les communistes noyautent le félibrige et Chamson parle cévenol à l'Académie. Et je me pense que fidèle depuis toujours, n'en ayant jamais fait école, c'est encore moi qui les aime le mieux. " Comme il refusait à Domrémy de se laisser éblouir par les idées reçues d'un patriotisme chauvin, Louis Brauquier, à la veille de la soixantaine, prend ses distances par rapport à tout ce qui ressemble à des engagements intéressés ou aux entraînements de la mode. Il se contente de penser à part soi qu'il a eu raison trop tôt, et se félicite intimement que sa constante fidélité aux poètes provençaux soit une preuve de sa fidélité à lui-même.







Louis Brauquier par Roger Duchêne
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