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AMOUR DE LA PROVENCE, AMOUR DU MONDE






    "Amour de la Provence" chez Louis Brauquier
    Jeanne, je viens vers vous, sous ma lourde capote
    Par Rigny-Saint-Martin, Pagny-la-Blanche-Côte,
    Dans mes gros godillots et ma pauvre culotte
    Contre le vent de Meuse et l'éternelle flotte.
   
    400Un pastiche iconoclaste
   
    De qui cette invocation à Jeanne d'Arc, écrite à Domrémy ? De Louis Brauquier, bien sûr, quoiqu'elle ne figure pas dans les recueils de ses poèmes. On la trouve dans une de ses lettres à Gabriel Audisio, du 19 novembre 1939, quand il était sous l'uniforme. Il parodie un autre poète-soldat : " Je fais, remarque-t-il, des vers que Péguy voudrait voir insérer dans ses oeuvres complètes. " Iconoclaste, il se moque du poète et de la sainte patriotes. " Et je pense, ajoute-t-il non sans provocation, à ce que l'Histoire en général et nous en particulier aurions gagné à l'abstention de l'héroïne. Ces Plantagenet, si Français [...], seraient devenus rois de France et d'Angleterre, Marie Stuart n'aurait pas été décapitée dans son corselet écarlate, le régime parlementaire se serait établi chez nous sans Terreur, nous nous serions dispensés des vingt-cinq années de guerres napoléoniennes, nous aurions l'Inde, le Canada, un si puissant Empire que personne n'oserait nous contredire, nous parlerions une langue assez semblable à celle de Chaucer, et j'écrirais sans doute mes poèmes en provençal. "
   
    Conclusion scandaleuse d'un pèlerinage aux sources de l'unité française ! En pleine guerre, dans le haut lieu du patriotisme, Louis Brauquier, dans la maturité de ses trente-neuf ans, nie toutes les valeurs des livres d'histoire : guerre de Cent Ans, Révolution, épopée napoléonienne, langue nationale. Avec une étonnante indépendance d'esprit, il affirme par là son très profond désir de paix à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières, son indifférence à la gloire militaire à laquelle il préférerait la puissance économique d'un empire mondial, le caractère fortuit du fait qu'il s'exprime en français, mieux son regret de ne l'avoir pas fait en provençal. L'amour de la Provence, chez Louis Brauquier, c'est d'abord son amour pour la langue de sa province.







Louis Brauquier par Roger Duchêne
La_Photo