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AMOUR DE LA PROVENCE, AMOUR DU MONDE






    Dès 1929, sur le chemin du retour de son premier long séjour à l'étranger, il confie à son ami : " Sais-tu à quoi je songe ? À vivre à Saint-Mitre comme un paysan. Mais tu ne connais pas Saint-Mitre. J'ai deux hectares et une grande maison, blé, luzerne et vignes dans une campagne sans chemin de fer ; labourer mon champ, soufrer ma vigne : est-ce idiot ? " (11 novembre). Et après la débâcle de 1940, dans une lettre écrite précisément de Saint-Mitre : " Nous avons passé quinze jours bénis à la campagne. Quelle liberté ! Et quelles certitudes ! Voir sortir les pommes de terre, manger les figues sur l'arbre et le melon qui vient d'être cueilli " (21 août 1940). L'amour de la Provence, c'est aussi un certain amour de la campagne, loin de la civilisation, un retour à l'Eden primitif, un rêve écologiste avant la lettre, un refus du machinisme et de la technocratie. Le poète des ports et de l'aventure s'est senti plus d'une fois l'âme d'un paysan attaché à sa terre.
   
   
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    La demeure familiale
   
    Et c'est en paysan qu'il a chanté, dans ses derniers poèmes, la statue de Pomone et sa campagne de Saint-Mitre. On a pu en constituer deux sections de son recueil posthume Hivernage. " Certains voudraient que je cultive cette terre ", note-t-il au début d'un de ces poèmes. Il se contente d'énumérer les " plantes utiles, vivrières " dont il a besoin pour " les soupes de paysan " qu'il se fait. Trop vieux désormais pour se baisser vers le sol, il le contemple à " l'abandon sur quoi veille, indulgente, la déesse qui n'oublie pas le temps fertile ". L'amour de la Provence se confond maintenant avec l'amour de la terre et du foyer. Autrefois prolongée par les cartes marines, invite à l'aventure, sa province se limite maintenant aux horizons de la demeure familiale, cadre de l'apaisement ou de la résignation.







Louis Brauquier par Roger Duchêne
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