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AMOUR DE LA PROVENCE, AMOUR DU MONDE






    Incompatibilité d'humeur
   
    À la veille de partir pour l'armée, en avril 1921, il affirme son dégoût du lieu où il est affecté, la Rhénanie : " Horreur du pays qui est contraire au mien. Je ne suis que Méditerranéen [...]. Je me suis imprégné de mon pays jusqu'à en mourir. Je me demande ce que je vais faire là-haut, dans le gris et les forêts. " Puis, dès son arrivée : " Plus que toutes choses, j'ai la nostalgie de mon pays, de ma mer, du Vieux-Port, des oliviers gris, de mes terres sèches sous l'implacable lumière. Chaque jour, à chaque minute, j'ai un élancement douloureux au coeur, car sans y penser, je me sens loin. " Et quelques mois plus tard, le 20 juillet : " Parce que, sur Sporting, il y avait une photographie représentant le Tour de France en Provence sur une route bordée d'oliviers, j'ai tellement senti mon pays me monter au coeur, dans les étés de ma jeunesse, que j'aurais pleuré comme un bandit. "
   
    Près d'être libéré, il parlera encore de " sa vie en exil " et de son " épuisement de la faculté de languir ". Surprenante attitude d'un homme qui ne refusera bientôt ni les grands voyages ni les longs séjours dans les pays lointains ! Louis Brauquier n'est pas de ceux qui ne peuvent quitter leur pays natal. Il faut plutôt parler ici d'incompatibilité d'humeur. L'homme du Sud se sent incapable de s'adapter à un climat qui lui est physiquement étranger.
   
   
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    Un choix poétique
   
    Il l'est aussi poétiquement. À l'Allemagne hostile, il oppose le paysage qu'il apercevra du train qui le conduira en permission : " Quand, à travers la portière avec le soir calme, je verrai monter vers moi le paysage déchirant de sagesse et d'amertume et de beauté, je me dirai, pour ma fête intime, le poème qui est l'essence spirituelle de cette violente réalité. " S'il se sent exilé dans le Nord, c'est qu'il n'a aucun de ses poèmes à se réciter à son sujet. Il n'a pas de mots pour le dire. Il s'efforce au contraire de l'oublier en disant son pays : " Je dis des poèmes de Mistral et de Roux, écrit-il le 20 juillet 1921, dans la belle langue de nos ancêtres. "







Louis Brauquier par Roger Duchêne
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