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AMOUR DE LA PROVENCE, AMOUR DU MONDE






    " Il y a une tristesse de la Provence "
   
    Tout, jusqu'à son mal à l'estomac, traduit les incertitudes de Louis Brauquier. De loin, il était sûr que sa ville l'attendait ; au moment de la retrouver, il a peur que quelque chose ne manque, faille dans son être ou défaut dans l'objet aimé. Seule le rassure l'évocation du paysage de la vallée du Rhône, peut-être parce qu'il lui est familier sans qu'il y soit aussi attaché qu'à sa ville : " Mais peut-être le salut viendra-t-il d'abord du paysage fuyant, bref et immortel, des cyprès et du Rhône agité par le léger vent à sa surface. " Ce n'est cependant pas un paysage gai. La Provence de Louis Brauquier n'est pas une Provence rose : c'est la Provence des cyprès et des " oliviers gris ", celle des " terres sèches " et de la lumière crue. Elle ressemble à celle qu'à évoquée Mme Edmonde Charles-Roux dans un livre dont j'ai emprunté le titre pour cette évocation de l'amour de la Provence chez Louis Brauquier. À cette Provence aussi, on peut appliquer le mot de Cézanne cité dans le même livre : " Il y a une tristesse de la Provence que personne n'a dite. "
   
   
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    Le poète en retire une morose délectation, comme en ce 22 juillet 1939 où il écrit à Audisio ce qui deviendra le poème " Pluie d'été " dans Feux d'Épaves : " Il pleut sur Malmousque et sur la mer, sur le Château d'If et les îlots, dans les calanques et sur nos costumes de Paris qui prétendaient sécher sur le balcon à côté des gérania. Il pleut sur Malmousque. C'est le matin, ça a commencé de bonne heure [...]. Il pleut sur Malmousque, et quand on a dit "Saloperie de temps [...]. Pas moyen d'avoir deux jours de beau" [...], oui, quand on a dit tout ça [...], eh bien, cette pluie sur Malmousque, encore maintenant, c'est d'une tristesse assez délicieuse. " La Provence dont parle Louis Brauquier n'est qu'exceptionnellement celle des couleurs vives et du ciel serein. C'est parfois celle d'un paysage noyé de pluie ; c'est souvent celle des gris ou des verts sombres qui se détachent tristement sous le soleil.







Louis Brauquier par Roger Duchêne
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