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AMOUR DE LA PROVENCE, AMOUR DU MONDE






    Contre le " pittoresque marseillais "
   
    Rien de commun entre cette Provence et celle des touristes pressés. Louis Brauquier méprise ceux qui passent sans voir. Il a peur " d'être le passant inefficace ". À Sydney, il refuse d'écrire un article sur l'Australie avant d'avoir pris le temps de s'être lentement imprégné du pays. Il s'indigne des poncifs attachés à la Provence. Il s'irrite d'en trouver dans un article du Mouton blanc consacré à Audisio : " Dans le papier qui te concerne, lui écrit-il le 20 décembre 1924, je n'aime pas beaucoup cette bonne humeur qui sent l'ail. " Le 20 avril 1969, dans une lettre à Jules Roy dont il envoie copie à Audisio, il souligne ce qui le sépare de Marcel Pagnol : " D'ailleurs, nous ne sommes pas du même bord. Sa Marseille n'est pas la mienne (si j'en ai une) et son Midi n'est pas le mien. Il est à sa place avec Vincent Scotto, Alibert, Sardou et Tino Rossi pour l'exotisme - au centre de ce poncif marseillais ridicule et qui fait rire le reste de la France et dont j'ai horreur. Tout cela ne m'intéresse pas. " Aimer la Provence, pour Louis Brauquier, c'est d'abord ne pas la donner en pâture à un public facile. Il n'en tire pas, lui, de gros rires ; il en expose la poésie secrète et le charme discret.
   
    Aussi déteste-t-il certains compliments. En novembre 1950, il se moque d'un critique qui " n'a pas lu [son] bouquin " et qui, à propos de Liberté des Mers, " parle encore de pittoresque marseillais comme s'il s'agissait d'Et l'au delà de Suez ou du Bar d'Escale ". Le poète a conscience d'avoir évolué, de s'être de plus en plus écarté des poncifs, élargissant son expérience humaine. " Ma situation est curieuse, écrit-il le 5 mars 1948. Tu sais qu'il n'y a pas bien longtemps, les Cahiers me tenaient rigueur du côté Marseille de mes poèmes. Maintenant un revirement, dû à Toursky et je crois à Tortel, fait que c'est précisément le côté de mon oeuvre qu'ils apprécient au moment où je commence à m'en détacher. " Pour Brauquier, Marseille et la Provence ont été le point de départ de sa poésie, non un filon à épuiser en vue de succès littéraires à répétition.
   
   

   
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Louis Brauquier par Roger Duchêne
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