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AMOUR DE LA PROVENCE, AMOUR DU MONDE






    Le refus du Nord est aussi, et peut-être surtout, un choix littéraire. En même temps qu'il se demande ce qu'il va " aller faire là haut ", il adresse à Audisio, le 6 avril 1921, une profession de foi sur son avenir d'écrivain : " J'ai hérité du génie de Sicard. Je serai le grand Méditerranéen, dressé au bord de la côte, sous le soleil des ports, et les odeurs des citrons, des pavés chauds et de la bagarre. " La Provence s'élargit à la Méditerranée, aux promesses de départ que sont les ports, à la lumière et à la chaleur du soleil, à un exotisme coloré et même à une certaine violence. On reconnaît ici l'atmosphère de L'au delà de Suez, dont quarante-cinq poèmes sont alors déjà prêts selon une lettre de janvier précédent, celle aussi d'un autre recueil en préparation, que le poète projette d'intituler " Citrons au Soleil ". L'horreur du Nord et de ses brumes vient d'un dépaysement poétique. Louis Brauquier n'y est pas à l'aise, parce qu'il n'y trouve rien de ce qu'il aime à célébrer.
   
    " Du pays des navires sur l'horizon marin "
   
   
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    " Je ne sais, écrit-il le 12 mai 1921, où s'arrête mon pays. Je sais seulement qu'il descend vers l'Équateur et qu'il ne remonte pas vers le Nord. Je suis du pays des navires sur l'horizon marin, des fruits d'or et odorants, des femmes brunes et qui se baignent dans le soleil. Je suis plus exilé ici que je le serais à Colomb-Béchar en plein bled saharien. " La Provence peut se retrouver ailleurs qu'en Provence. Mer et navires, fruits odorants, femmes au soleil, la patrie de Louis Brauquier n'est qu'accessoirement un lieu géographique : c'est un climat. Elle est ce qui correspond aux thèmes de sa poésie, ce qui s'accorde avec son inspiration, ou plutôt ce qui la nourrit. Son pays, c'est ce qu'il a envie et besoin de dire dans ses vers.







Louis Brauquier par Roger Duchêne
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