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Ce que Louis Brauquier a découvert, et que n'a pas eu Audisio dont la carrière fut plus glorieuse, ce sont les richesses de la solitude, du silence, de l'anonymat. " Tu disais que tu craignais pour moi l'Australie, cette Europe du Sud. Ne la crains plus. D'ici, je vois mieux les choses et je suis à l'abri des basses tentations. On ne peut plus m'entamer. Je commence ce voyage nécessaire vers la pureté primitive et la simplicité des gestes. Je reviendrai silencieux et plus anonyme que jamais " (9 janvier 1927). Et dans la même lettre " Je suis bien ici ; c'est comme si j'avais vieilli de mille ans et si, assis au bord d'un de ces fleuves qui descendent du Panier, je contemplais la bestialité de l'époque et ses faux visages. Il m'en reste un contentement de spectateur, détaché, qui n'est pas obligé de faire sa partie. "
Poète de l'amour conjugal
Le secret de cette sérénité et de cette acceptation ? L'amour, et l'amour conjugal : " Geo est belle et primitive, enchaîne-t-il [...]. Près d'elle, je suis en plein équilibre, et nous vivons seuls certainement comme vous. Ce n'est pas qu'à des moments, le désir de l'amitié ne nous pousse à regretter Marseille ; nous pensons à des petits bars, à d'autres navires, à des visages, mais il y a une telle douceur dans cette nostalgie qu'elle est elle-même la fin et le moyen. " Regret et nostalgie ne sont pas abolis, mais équilibrés par la présence d'une compagne aimée et aimante. Loin de sa femme au contraire, pour une mission en mer comme en 1931 ou à cause de la mobilisation en 1939-1940, le poète retrouve les souffrances d'un insupportable déchirement.
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