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A LA DECOUVERTE DE COURRIER






    Ainsi, dès 1921, Louis Brauquier jouait-il avec les mots de " l'au-delà de Suez " en annonçant le projet d'un poème, celui qui allait devenir le célèbre " Rue maritime " : " Tu sais les compagnies, Anchor Line, F. Barry consignataire. W.O. Temple. Union Castle Mail. Rangoon. Calcutta. Nippon Yusen Kaïsha. " (30 mars 1921). A vingt-huit ans d'intervalle, la démarche est la même : le poème se construit à partir d'une vision (rue Beauvau ou terrasse indienne) liée à des mots qui la dépassent et la prolongent à l'infini comme l'oeil part d'un point de la carte pour embrasser de port en port toute l'étendue d'un planisphère. Aussi n'y a-t-il pas solution de continuité entre la lettre et le poème : celui-ci est le point d'aboutissement de celle-là, par une simple mise en place plus harmonieuse des mots et une disposition plus rigoureuse des rythmes.
   
    Une différence toutefois, et fort importante, entre les poèmes de 1920 et ceux de 1948 : l'expérience s'est accumulée de la jeunesse à l'âge mûr. Si Marseille reste le centre de la vie de Louis Brauquier, elle a cessé d'être la source quasi unique de son inspiration. La Méditerranée même est devenue trop petite. " Ma situation est curieuse, explique-t-il à Audisio le 5 mars 1948. Tu sais qu'il n'y a pas bien longtemps, les Cahiers me tenaient rigueur du côté Marseille de mes poèmes. Maintenant un revirement fait que c'est précisément le côté de mon oeuvre qu'ils apprécient, au moment où je commence à m'en détacher. " Écrits d'abord en réponse à l'appel entendu dans le port de Marseille, les lettres et les poèmes de Louis Brauquier expriment après la guerre l'écho qu'éveillent en lui l'universalité du grand large et la diversité des espaces et des temps.
   
   







Louis Brauquier par Roger Duchêne
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