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A LA DECOUVERTE DE COURRIER






    Le besoin de s'enraciner
   
    Cela suppose l'acceptation répétée de constantes plongées dans l'inconnu des pays lointains. En 1928, à l'aube de sa carrière, Louis Brauquier dresse un bilan positif d'un séjour de trois ans à Sydney : " C'est bien là le vrai bénéfice que j'attends de cette vie que nous avons voulue : toujours désirer, toujours attendre, ne jamais être satisfait, vivre du provisoire, s'abattre sur un pays, l'assimiler, repartir en lui enlevant un poète et revenir vers les vieilles contrées de nouveau, pleins d'admiration pour la vieille sagesse de nos pays où les choses durent, où il n'y a pas de consommation " (14 août). Mais, vingt ans plus tard, de Marseille, au moment de partir pour Diego-Suarez, il s'interroge : " Je suis loué d'être parti, d'avoir réalisé ma vie et mes poèmes, au moment [...] où je perds le goût de ces ruptures répétées qui, à la longue, m'écoeurent [...]. Que de fois j'aurai construit ma maison et je l'aurai démolie ! Finalement, après tant d'années, je suis sans rien de stable, alors qu'il me vient de plus en plus une envie sourde de m'enraciner. Je te dis là des choses amicales, mais je sais bien que je pars. Et peut-être, une fois ce déchirement consommé une fois de plus, serai-je heureux si l'on peut l'être " (5 mars 1948). Avec le temps, le besoin de " s'enraciner " remplace le désir d'expériences nouvelles.
   
    Il ne le remplace jamais totalement et il existait déjà dès le début de la correspondance. En Louis Brauquier, comme dans le Marius de Marcel Pagnol, cohabitent presque toujours la double tendance au départ et au retour, le goût de la fuite et la nostalgie. Le port, lieu du départ, mais aussi lieu d'accueil et de rencontre, est le symbole de cette dualité : la volonté de partir n'exclut pas le regret du port d'attache.
   
   







Louis Brauquier par Roger Duchêne
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