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A LA DECOUVERTE DE COURRIER






    Les liens magnétiques
   
    Ces descriptions, à vrai dire, vont croissant à mesure que s'avance la correspondance, comme si le poète avait de plus en plus besoin de s'accrocher à des certitudes matérielles. Ainsi en 1952, à Saïgon : " Je fais ma toilette dans une clarté grise, qui est celle de sept heures et, de la fenêtre près du lavabo, je vois ces toits chinois pleins d'humanité, de fumées, de petites lumières. Quand je pars, le long des rues plantées de grands arbres, brûlent des tas de feuilles mortes, et j'aime cette odeur et ces vagues dessins des nuages à ras de terre " (17 février). Ce que L. Brauquier montre à son ami, c'est ce qui l'entoure et l'enracine dans le pays : " Tu me vois, écrit-il en 1948, tu vois l'agent des Messageries Maritimes représentant la Marine marchande ", et il décrit Diego-Suarez, les navires en rade, l'agence et sa maison proches l'une de l'autre " sur un plateau à pic sur la mer et le port ".
   
    A ses pieds, " au ras de l'eau ", " le campement des Arabes yéménites de l'aconage " : Là, chez eux, en avant de leurs baraques rectilignes et parallèles à la plage, dans un bouquet de cocotiers cerné de fragments d'épaves et de tôles de navires naufragés, où vaquent des poules étiques, ils ont construit sur un terre-plein ; et sur les nattes, debout ou prosternés, sans murs, sans toit, je les vois et les entends, tournés vers une Mecque soudain infaillible et proche, d'un magnétisme irrécusable, prier avec une mélancolie gutturale qu'emportent vers la côte Mozambique, répercutée au minaret de Zanzibar, les vents dominants des alizés du sud-est " (29 juin). Louis Brauquier dépeint dans ses lettres ce qui a frappé sa vie et sa sensibilité, ce dont il peut parler en disant je parce qu'il y retrouve des thèmes qui lui sont chers, tels ces liens magnétiques unissant les croyants à La Mecque comme les marins restent liés au port d'attache, et lui-même à Marseille et à ses amis.
   
   







Louis Brauquier par Roger Duchêne
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