Bandeau

Retour vers la page d'accueil





1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16







A LA DECOUVERTE DE COURRIER






    "J'ai fini l'embouchure de la Dumbea, disait Dieu lavant dans l'océan ses mains boueuses d'avoir modelé de facto cet estuaire sur la côte est de la Nouvelle-Calédonie. J'ai repris, il y a quelques jours, ces mots préhistoriques à mon compte ; miracle de la peinture !" (29 novembre 1960). L'humour de la formulation n'exclut pas la sincérité de l'émerveillement du peintre devant sa création. L'artiste est un démiurge qui s'étonne lui-même de ses pouvoirs en contemplant l'oeuvre achevée.
   
    La poésie simple et vraie, reposante...
   
    200Quarante ans plus tôt, en 1920, Louis Brauquier s'enthousiasmait déjà de la puissance créatrice qu'il sentait bouillonner en lui : " Je suis content ; j'ai trouvé le sens de mon livre [...]. Mes poèmes sont une lente avance sur le monde. De Marseille au globe entier par les ports. Je crois que j'y suis [...]. J'ai la sensation complète que j'ai trouvé ma voie, bien à moi [...]. Je crois que je fais une oeuvre " (4 avril 1920).
   
    Toute sa vie, Louis Brauquier conservera cette certitude de " faire une oeuvre " - à défaut de faire une carrière. Se souvenant d'un article maladroit, qui lui avait été consacré trente ans plus tôt, il s'en console en pensant qu'un certain Smith, attaché culturel au Maroc, le lit : " Ceci me confirme dans ce sur quoi j'ai toujours obscurément compté ; non pas la gloire pour laquelle je ne suis pas organisé, mais plus tard, dans les années, l'exégète du Minnesota " (22 mai 1961). Ainsi, dès le 21 avril 1923, écrivait-il à son ami Audisio : " Prends donc l'habitude de dater tes lettres. N'oublie pas que je les garde pour le Lalou de l'avenir. " A la veille d'entrer dans la vie active comme au lendemain de la retraite, la confiance est la même dans une postérité choisie, une gloire raisonnable fondée non sur la mode, mais sur le sérieux et la qualité.







Louis Brauquier par Roger Duchêne
La_Photo