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A LA DECOUVERTE DE COURRIER






    La lettre, dans ces conditions, est déjà l'ébauche d'un poème. On n'est pas surpris de le découvrir, achevé, dans Feux d'Epaves (première partie de " La Terrasse indienne ") : " Et, le jour et la nuit, au pied du promontoire, / Le ressac de la mer indique / Bat les camps de sable des Arabes / Yéménites de la CMAO. / Là, dans un maigre décor d'épaves et de tôles rouillées traversé de chèvres étiques, / Sous trois cocotiers, / Mosquée invisible où ces hommes sont prosternés, / Monte, matin et soir, vers La Mecque idéale, / - La puissance de cet appel ! - / Gutturale et mélancolique / La prière dans l'alizé ".
   
    L'ivresse des mots...
   
    " Il n'y a qu'une chose de bien dans la ville même, écrit encore Brauquier dans sa lettre du 29 juin 1948, mis à part son sordide d'une assez déchirante qualité. Ce sont les noms des Indiens marchands pleins de mille et une nuits, Akbaraly et Fidahoussen, Cassam Chenaï et Badrahouine, Nourbahy et Hanjee Nanjee, autant de cris de guerre, de cimeterres au-dessus des oreilles du cheval, au galop vers les remparts crénelés des villes à coupoles de l'Orient chrétien ou la sécheresse des cités de Léon. " Et, dans la seconde partie de " La Terrasse indienne " : " Peu à peu, l'obscurité efface les noms de ces avatars de princes : / Badrahouine, Nourbahyn, Akbaraly, Fidahoussen / Et Hanjee Nanjee, ce cri de guerre, au galop, cimeterres au clair, vers les remparts crénelés de l'Orient chrétien ou la sécheresse blanche des cités du royaume de Léon. " Un autre passage de la même lettre deviendra " Les Archives de Zanzibar ". Lettres et poèmes procèdent de la même vision, et aussi de la même sensibilité aux belles sonorités des noms évoquant les pays lointains.
   
   







Louis Brauquier par Roger Duchêne
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